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Une didactique de la philosophie ?

D’abord, la didactique n’est pas une science. En plus, elle est mal définie. Finalement, elle est mal élaborée, mal conçue, mal construite, mal appliquée !

Ensuite, la philosophie n’est pas produite pour qu’elle soit comprise, ou pour qu’on soit bref, il est- non communément– admis que ce n’est pas n’importe qui peut produire et/ou comprendre de la philosophie. Ne parlez donc pas d’une possibilité didactique qui, dans laquelle la question de l’enseignement et/ou l’apprentissage de la philosophie peut être abordée clairement sans générer d’ambigüités.

D’ailleurs, les hommes, pour hétérogènes qu’ils soient, ne sont pas tous en mesure de comprendre. Car, si d’un point de vue didactique, comprendre relève d’un processus tellement maitrisé, organisé, adapté de manière à influencer un récepteur donné, le convaincre, le persuader afin d’adopter un comportement, l’orienter tout simplement ou l’endoctriner paradoxalement, la philosophie enseignée ne peut, dans ce sens, que conduire à une légère conception de l’acte de ‘’raisonnement’’. Lequel acte varie selon toutes les catégories allant du genre jusqu’à le don de comprendre dont peut disposer ou non le récepteur concerné.

Dans cette perspective, toute tentative visant directement ou non à apprendre à quelqu’un l’art selon lequel la pensée fonctionne, les mots se rassemblent, les rythmes se marient, les cœurs se rencontrent, les sens se construisent, les idées se discutent, est à abandonner éternellement ! Et ceux et celles qui prétendent pouvoir l’aborder, y compris Socrate et sa famille, sont prétentieux. Ils sont prétentieux car s’ils ont vraiment atteint le vrai sens de la philosophie, ils se retireront doucement des endroits où ce ne sont que les tonneaux vides qui font du bruit ! Comme Zarathoustra qui s’est libéré de toute idéologie pouvant le conditionner, y compris la religion. Comme Nietzsche : ce désenchanté qui, s’il ne niait dieu, il pouvait unir les hommes !

La philosophie est irrécusablement enracinée au fin-fond de nos cœurs. Elle est sculptée sur nos corps, enterrée dans nos sourires, cachée derrière nos regards, chantée par nos mots et rejetée par nos raisons. Voilà le pire ! Rejetée…

En fait, philosopher n’est pas un acte simple. D’abord en raison de la délicatesse aussi bien des étapes que des tâches effectuées par le philosophe aux commencements de l’acte de raisonnement, quand il cherchait à mettre le monde en question. Ensuite, la délicatesse devient de plus en plus et de façon inconcevablement très intense à partir du moment où chaque idée, chaque virgule, chaque voix, chaque regard contient des émotions. Emotions mais aussi énergie, enthousiasme, volonté, espoir, d’une part, faiblesse, déception, mélancolie, de l’autre part. Cela étant dit, l’Homme ne rejette pas au sens direct et premier du terme le raisonnement philosophique, mais, malheureusement, il n’arrive pas à se l’approprier convenablement ; du coup on est en plein rejet !