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Clôture du MOCA à Rabat, le festival de la créativité africaine

Porter un nouveau regard sur les ICC à travers une approche écosystémique

Le MOCA, clôture cette année sa 8ème édition par un show digne de la civilisation et de l’authenticité africaines. Après une journée de réflexion sur les industries culturelles et créatrices (ICC), dans un débat réfléchi, sensé et pragmatique à travers des professionnels du domaine, des intervenants ayant une riche expérience, le MOCA Show a clôt en apothéose ce grand événement culturel. Dans une ambiance de folie, se sont produits sur la scène du théâtre Mohammed V de Rabat de grands artistes marocains et africains.

Les jeunes artistes ont montré leurs créativités devant des spectateurs d’origines africaines confondues, venues les applaudir. Chorégraphies, musique, humour, chants et danses étaient au rendez-vous. Un partage et un brassage de cultures enrichissant émanant de différentes régions du continent africain, et une organisation exceptionnelle. Mais avant ces dernières prestations, le débat lors des différents panels sur la thématique des ICC était de haut niveau à la Villa des arts. Autant de thématiques qui témoignent de la nécessité de promouvoir le secteur ont été débattues. Il s’agit de l’impact des ICC en Afrique et dans le monde, de l’élaboration de politiques culturelles durables, de la propriété intellectuelle, de l’accès aux marchés par la création africaine, de la monétisation de la créativité, de l’investissement dans les ICC…

Lapproche écosystémique de la culture, latout majeur pour la pérennité de la profession

Jean-Pierre Elong Mbassi, Secrétaire général de CGLU Afrique et Président du comité d’organisation des Capitales africaines de la culture insiste sur le travail selon une approche écosystémique de la culture, et ce, pour permettre une pérennité et une continuité de la profession. Il ne s’agit pas uniquement de divertissement, mais de toute une industrie culturelle.

Lors du panel modéré par M. Mbassi, plusieurs problématiques ont été soulevées, à savoir, le financement qui devient une question de confiance entre les artistes et les intermédiaires. Les professionnels des ICC n’ont pas de garantie quand ils veulent investir, ce qui leur prend beaucoup de temps et fait perdre des talents. D’où l’intérêt de construire un écosystème favorable (de respect, de travail et de qualité) afin de garantir la viabilité du projet et la survie des créateurs dans les 4 à 5 premières années.

Si les initiatives des artistes ne sont pas minimes et témoignent de grandes créativités, elles restent isolées face au manque d’accompagnement de la part des entrepreneurs, des agents de la communication et des spécialistes de la marque. Il a été relevé que 10 milliards de dollars ont été investis dans la musique dans le monde et que ce chiffre n’est que de 75 millions en Afrique. Aussi, si les ICC contribuent par 5% au PIB national, il n’en est que 1% au Maroc. Et si l’on enlève la part de l’audiovisuel, il ne reste plus que 0,03% pour les ICC.

Réflexion sur un label porté par la ville de Rabat et qui pourrait « se déplacer » dans dautres territoires

Selon M. Alain Bidjeck, le fondateur du MOCA, Movement of africain creativity, le festival de la créativité africaine qui a été sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI a été une réussite. « Les partenaires se sont mobilisés et mis à disposition leurs services, leurs compétences, leur soutien, leurs réseaux pour que cet événement puisse se réaliser dans les meilleures conditions. Le plus important est de mettre en synergie des créateurs, des entrepreneurs de tout le continent et au-delà, pendant trois jours pour discuter, rencontrer des talents marocains et échanger sur les perspectives du métier. Notamment sur les droits d’auteur pendant les think thank qui ont eu lieu le vendredi à la Fondation Hiba, où les sociétés de bureaux d’auteurs : le BNDA, le Bureau marocain des droits d’auteur ont poussé la réflexion, avec la Confédération des sociétés d’auteurs africains CISAC sur un label porté par la ville de Rabat et qui pourrait se déplacer dans d’autres territoires. Les conférences avaient pris comme angle d’attaque la manière de développer les métiers made in Africa, soit, les productions africaines authentiques, mais aussi des créneaux tels que l’accompagnement, l’investissement, la monétisation des créativités. Ce sont des thématiques transversales qui pourraient permettre à des designers de discuter avec des musiciens, des sportifs, des danseurs, des curateurs… Croiser les disciplines, autrement dit croiser les expériences permet aux créateurs présents de porter un nouveau regard sur leurs métiers, sur eux-mêmes et puis ouvrir un nouveau chemin. Le secteur est très riche, très dynamique et extrêmement concurrentiel et parfois mal organisé. Mais, grâce aux interventions et au travail réalisé, on espère avoir fait bouger les lignes.

Parmi les problématiques soulevées par M. Bidjeck, c’est l’enjeu de la circulation des talents, par rapport au visa. Plusieurs intervenants n’ont pas pu venir faute à des attributions de visas parfois longues et fastidieuses. Ces artistes sont les ambassadeurs de leurs pays, ils participent au rayonnement de leurs territoires. Ces barrières administratives sont regrettables dans une période où l’Afrique se veut unie.

Réflexion sur un label porté par la ville de Rabat et qui pourrait « se déplacer » dans dautres territoires

Le MOCA a aussi organisé des sessions de travail d’un Think tank qui ont eu lieu le vendredi à la Fondation Hiba, où les sociétés de bureaux d’auteurs : le BNDA, le Bureau marocain des droits d’auteur et du droit voisin ont poussé la réflexion, avec la Confédération des sociétés d’auteurs africains CISAC sur un label porté par la ville de Rabat et qui pourrait se déplacer dans d’autres territoires qui pourraient à leur tour adopter ce label Copyright friendly.

Ladversité crée le talent

Mani Nordine, Producteur, Manager et Editeur, Président de la société à New York, American Artists Company qui rayonne à travers 125 pays, a soulevé, quant à lui, le rôle capital joué par le Maroc dans l’avenir de l’Afrique, par rapport à la culture. Le festival est très intéressant dans la mesure où il réunit les gens du métier. Il y a un vivier d’artistes au Maroc et qui sont impressionnants.